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CONTRE LE DOPAGE

Pourquoi le dopage ?

9 Juillet 2008 Publié dans #Cyclisme


Un ouvrage sur l’histoire du cyclisme vient de paraître chez PUF sous le titre «L’épreuve du dopage». On le doit à trois auteurs et notamment au professeur de l’Université de Lausanne Fabien Ohl. Ce livre raconte la précarité du métier, sa dureté, le manque d’autonomie des coureurs cyclistes par rapport aux organisations sportives, aux directeurs d’équipe, aux soigneurs, aux coéquipiers…

Le salaire est aussi très fluctuant. Pour bien gagner sa vie il faut gagner sa course. Le corps ne peut pas se permettre de flancher. Et le dopage dans tout ça ? En Europe, le boulot a été fait, les contrôles sont rigoureux avec des influences très nettes sur la culture cycliste en train de se transformer sous l’énorme pression. On le voit en ce moment sur le Tour de France 2008, même si, comme l’affirme le directeur de l’épreuve, «on n’est pas à l’abri demain d’une autre affaire», avant d’ajouter que «les gens comprennent qu’on montre une voie et qu’on s’y tient».
Dans le journal «Le Temps» on peut lire lundi 7 juillet ces surprenantes paroles du kiné perso d’Alejandro Valverde, s’exprimant sur les particularités de la musculature de son sportif préféré: «Une fois la ligne d’arrivée franchie, les coureurs ont les jambes très lourdes. Lui, jamais. Après 200 km, on a l’impression qu’il n’a rien fait… Il possède une musculature très relâchée. Il fait beaucoup de stretching, mais tout le monde en fait beaucoup. Quelquefois, j’aimerais travailler avec des scientifiques pour comprendre. Il faudrait réaliser une biopsie pour étudier sa fibre, pour voir s’il a quelque chose de différent, et le comparer à d’autres athlètes.»
Ah bon, serait-il extraterrestre, est-on tenté de demander ? A quand une fabrication «scientifique» d’incroyables Hulk du vélo ? Mais positivons. Cessons de tourner autour du pot belge. Le vélo est un sport magnifique, cruel, tellement cruel que les mots (maux) du cyclisme gravitent inévitablement autour de la souffrance et du corps à soigner. Dans ce contexte, le soupçon du dopage s’invite facilement. Et puis il y a tout le passé du vélo, si bien conté dans cet ouvrage. La cocaïne à petite dose, l’arsenic de même, tout ce qui circule à visage plus ou moins découvert au fil du temps, avant l’avènement de la lutte antidopage au début des années 1960. Ce combat s’imposera difficilement, à en juger par les témoignages rassemblés dans ce livre qui veut donner sans juger la vision du monde des cyclistes professionnels des années 1990. C’est l’époque où l’on glisse facilement de la simple vitamine à l’EPO, de l’antidouleur banal à l’injection de produits innombrables que les cyclistes vont repabtiser «Tintin», «mémé», «le pépé», «le cousin Riri», histoire de dédramatiser et de se comprendre entre initiés.
On voit bien que l’horrible souffrance doit être maîtrisée, qu’il faut pouvoir rivaliser avec les collègues chargés, faire partie de la grande famille, sans chipoter dans son assiette d’amphés, sans mépriser les conseils et le savoir «pharmacologique» transmis par les pairs.
Aujourd’hui, le sociologue Fabien Ohl affirme que les cyclistes se retrouvent «seuls face au dopage» qui n’est plus organisé au niveau des équipes. Des entraînements ont lieu au Mexique ou dans les anciens pays de l’Est pour éviter les prélèvements sanguins inopinés réalisés sur le plan européen. Le discours propre est en train de changer les pratiques mais pas complètement car une terrible injonction demeure: gagner, il faut gagner. «Le cycliste joue son emploi, ses revenus et ses possibilités de reconversion dans ses classements», soulignent les auteurs. Dans ces conditions, «le dopage semble donc apporter une sécurisation du corps, des performances et donc de l’emploi du cycliste».

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