Les morts subites chez les sportifs
Clément Pinault, footballeur professionnel à Clermont-Ferrand (L2) est décédé jeudi des suites d'un arrêt cardiaque. Cet incident n'est pas le premier. D'autres sportifs professionnels sont décédés de mort subite ces dernières années. LEXPRESS.fr fait le point.
Peut-on citer des noms de footballeurs professionnels décédés d'arrêt cardiaque?
Parmi les plus médiatisés ces dernières années: le défenseur camerounais Marc-Vivien Foé décédé le 26 juin 2003 d'une hypertrophie cardiaque à la 72e minute du match contre la Colombie. Le 29 décembre 2007, Phil O'Donnell, défenseur et capitaine du club écossais de Motherwell, s'était écroulé sur la pelouse pendant un match de Championnat. Le 28 août 2007, le défenseur du FC Séville Antonio Puerta, 22 ans, était décédé après un match du Championnat d'Espagne.
Le 20 août dernier, le défenseur de Valenciennes David Sommeil, avait étévictime d'un malaise cardiaque à l'entraînement. Il y a survécu.
Constate-t-on une augmentation des morts subites chez les sportifs de haut niveau ?
Non. C'est en tout cas l'avis de la société française de médecine du sport. "Le phénomène est plus médiatisé depuis la mort de Marc-Vivien Foé, explique le Dr Bruno Sebouë, responsable du secteur de la médecine du sport du CHU de Caen". Sa mort avait suscité une vague d'émotion sans précédent.
Globalement, le nombre de morts subites serait même à la baisse. "On comptait à la fin des années 80, environ 1500 morts subites par an en France liées à la pratique du sport et quel que soit le niveau ", ajoute le Dr Sebouë. Aujourd'hui, on en compterait seulement 300 par an, affirme-t-il, citant les travaux du professeur Xavier Jouven, cardiologue à l'hôpital Georges Pompidou (Caen). D'autres sources indiquent toutefois des statistiques plus élevées, de l'ordre de 500, voire 1000 décès par an.
Comment expliquer ces arrêts cardiaques?
Les sportifs professionnels de haut niveau passent des examens complets obligatoires (électrocardiographie et echocardiographie) en début de carrière qui visent à déceler les risques. Mais tous les signes ne sont pas repérables à temps. Normalement, un suivi est assuré tous les ans. "Malheureusement toutes les anomalies cardiaques ne sont pas identifiables avec ces examens", déplore le Dr Sebouë.
Certains facteurs peuvent déclencher une mort brutale et instantanée s'ils s'ajoutent à des conditions de pratique exceptionnelle: stress, froid, chaleur, fatigue, troubles diététiques, déshydratation...
Le dopage joue-t-il un rôle dans ces morts subites?
On ne sait pas vraiment. Le dopage favorise les troubles du rythme cardiaque. La prise de substances dopantes peut donc, théoriquement, être un facteur aggravant. Mais là encore, rien n'indique que les récents décès de footballeurs professionnels soient liés au dopage, selon le Dr Sebouë.
Comment éviter ces morts subites?
Un défibrillateur peut permettre de sauver la vie d'une personne qui vient de faire un arrêt cardiaque. Ce type d'appareil est présent dans les stades de Ligue 1 et de Ligue 2 depuis que la Ligue de football professionnel l'a rendu obligatoire en 2005-2006. En revanche, il n'est pas imposé dans toutes les enceintes sportives. Sa généralisation permettrait de sauver des vies, même "s'il n'est pas la panacée" comme le reconnaît le Dr Sebouë. "Avec le défibrillateur on pourrait éviter 20% des morts subites totales en France".
Reste que la prévention demeure le meilleur moyen de diminuer les risques d'arrêts cardiaques. Le recours aux examens médicaux et un meilleur suivi demeure un impératif pour les jeunes sportifs professionnels.
Source et date de l'article L'Express.fr 23.01.09