"Yannick Noah n'a pas été toujours honnête"
Au cours de ses nombreuses années d’arbitrage à haut niveau, le Lausannois d’origine tchèque a lié de belles amitiés dans le milieu du tennis. Depuis une décennie, il gravite autour de Rafael Nadal et, forcément, les accusations de Yannick Noah sur tous les sportifs péninsulaires touchent Milan Sterba de près. Contacté, l’ancien tennisman et chanteur n’a pas réagi aux accusations du Vaudois.
«Tombés dans la potion magique»
Samedi, Noah s’est prononcé en faveur de la légalisation du dopage dans le sport dans une chronique publiée par «Le Monde». L’ancien champion de tennis français estime que tout le monde devrait avoir «la potion magique», qu’il accuse les sportifs espagnols d’utiliser. «Arrêtons l’hypocrisie. Il faut bien sûr respecter la présomption d’innocence, mais plus personne n’est dupe. La meilleure attitude à adopter est d’accepter le dopage. Et tout le monde aura la potion magique», a-t-il affirmé.
– Milan Sterba, comment jugez-vous les propos de l’ancien vainqueur de Roland-Garros?
– Cela m’a mis en colère, car il se permet de lancer des accusations sans avoir la moindre preuve de ce qu’il avance. Le pire, c’est que cela vient d’un homme qui n’a pas toujours été très honnête.
– Que voulez-vous dire par là?
– C’était de notoriété publique que Noah prenait des produits. J’ai été témoin de ses pratiques lors de son succès à Roland Garros. Une victoire qu’il n’aurait jamais dû conserver.
– Donc il se dopait?
– J’étais sur le court durant son quart de finale remporté face à Ivan Lendl. J’étais juge de ligne. Il s’est absenté du terrain à de nombreuses reprises et revenait à chaque fois avec les yeux explosés. C’était difficile de ne pas le remarquer.
– Etiez-vous le seul à douter?
– Quelques temps après le match, j’en ai directement parlé à Ivan Lendl. Il m’a dit: «Je ne comprends pas. A chaque fois qu’il revenait de pause, il cognait plus fort. Je ne sais pas ce qu’il a bien pu prendre.» Alors forcément les doutes ont lieu d’être. Quelques temps après, Noah s’est confié à un magazine allemand, «Bravo». Il a avoué fumer de temps à autres. Etait-ce un secret?
– Pourtant, les contrôles antidopages existaient.
– Les vraies vedettes étaient averties quelques jours avant. Elles avaient ainsi le temps de se préparer au mieux pour ne pas se faire pincer.
– Pourquoi avoir autant attendu avant d’en parler?
– Lorsque j’étais arbitre, c’était tout bonnement impossible de parler sous peine de me voir radié. A la fin de ma carrière, je n’ai pas jugé nécessaire de revenir là-dessus. Mais lorsque j’ai entendu les propos de Noah, j’ai été obligé de parler.
– Le dopage n’est donc pas institutionnalisé en Espagne?
– Je peine à y croire. Vraiment. Je suis un proche de Rafael Nadal, par exemple. Et les nombreuses suspicions qui planent sur lui sont folles. Cela n’existe presque qu’en Suisse où les gens ont eu de la peine à voir un joueur passer devant Roger Federer.
Source et date de l'article 20.min.ch 25.11.2011
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